Diviser par deux les achats de concentrés pour les vaches laitières
Réduire d’une tonne par UGB les quantités de concentrés tout en misant sur la valorisation de l’herbe, telles sont les « résolutions » d’Ingrid et de Christophe Legrand pour 2024.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Avec l’arrivée des deux robots de traite et la souscription d’une MAEC (1) « autonomie fourragère », Ingrid et Christophe Legrand s’apprêtent à vivre une année riche en adaptation. À la tête de 110 vaches laitières à Fesmy-le-Sart dans l’Aisne, les époux restent sereins car ils ont mûrement réfléchi leur projet pour continuer à produire la même quantité de lait (1,13 million de litres). « Nous avons toujours été ouverts aux changements, nous n’avons pas de craintes pour cette nouvelle transition », explique Ingrid.
Pour respecter le cahier des charges de la MAEC
Les bons résultats technico-économiques avec, en particulier, 0,23 € d’EBE par litre de lait, offrent de la souplesse pour investir. « L’automatisation de la traite vise à diminuer la pénibilité et le temps d’astreinte, explique Christophe. Nous comptons avec mon épouse au moins cinq heures d’astreinte (salle de traite : épi 2 x 6) sept jours sur sept. Mon beau-père, en retraite, assure par ailleurs encore de nombreuses tâches bénévolement. Nous avons un besoin important d’alléger cette astreinte. »
L’arrivée des robots s’accompagnera de la révision des rations en profondeur pour respecter le cahier des charges de la MAEC. La consommation en concentrés de l’exploitation ne devra pas dépasser 800 kg de concentrés par UGB, soit plus d’une tonne de moins par UGB que la consommation actuelle. C’est le seul point technique qui demandera une adaptation.
L’exploitation est en effet en dessous du chargement maximal avec 1,7 UGB/ha de SFP (jusqu’à 2,1 UGB/ha permis). La surface en herbe représente 59 % de la SAU alors qu’un minimum de 35 % est exigé. La part de maïs ensilage atteint à 24 % de la SFP, alors qu’un maximum de 30 % est autorisé. Enfin, la surface en prairies permanentes est presque trois fois plus élevée que la surface minimale demandée par le cahier des charges de la MAE : 59 % pour un minimum de 20 % imposé.
Exploiter l'herbe au bon moment
La valorisation de l’herbe sera le point clé de la nouvelle organisation. C’est un domaine sur lequel les exploitants ont progressé ces dernières années. « Nous suivons les sommes de température pour piloter le pâturage, explique Ingrid. Nous bénéficions d’un parcellaire regroupé autour des bâtiments. Les vaches avancent tous les jours en fil avant/fil arrière pour consommer de l’herbe toujours riche. »
Les exploitants envisagent également de doper la production des prairies permanentes grâce au sursemis de mélanges suisses. « Il s’agira de déterminer la bonne période pour que le couvert en place ne gêne pas trop la pousse des nouvelles graines », explique Gaëtan Leborgne, de la chambre d’agriculture.
Idem pour l’ensilage d’herbe. La bonne fenêtre météo garantira la qualité des stocks qui seront fortement renforcés pour limiter les achats de concentrés. La culture du mélange ray-grass italien x trèfle violet en dérobée passera ainsi à 25 ha, soit 13,5 ha de plus que la sole actuelle.
Davantage de coproduits
L’autoconsommation des céréales produites est un autre levier prévu. L’orge d’hiver sera davantage cultivée (+7 hectares) au détriment du blé (–5,5 hectares) et du colza (–1,5 hectare). « L’augmentation des achats de coproduits est envisagée car ils ne sont pas considérés comme des concentrés dans le règlement de la MAEC », explique Gaëtan Leborgne.
L’achat de Mixalia, un mélange de coproduits proposé par un fournisseur local, devrait passer de 44 tonnes à 99 tonnes. La composition du mélange peut varier d’une livraison à l’autre alors que la valeur alimentaire est garantie. La dernière livraison était composée, entre autres, de gluten feed de maïs, de marc de luzerne, de drèches de brasserie.
Le taux de matière sèche s’affichait à 50 % tandis que le taux de protéines et l’énergie étaient respectivement de 14 % MAT et 1,15 UFL/kg de MS. Le coût était à 166 €/t. « Nous avons dû aussi adapter nos rations pour pallier l’absence à venir de disponibilité en pulpes de betteraves, ajoute aussi Christophe Legrand. Notre fournisseur nous a avertis qu’il ne nous livrerait plus à partir de 2024 ! »
(1) Mesure agroenvironnementales et climatiques.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :